Les lois sont des règles juridiques prescrites par un État. Elles régissent la cohésion et l’équilibre d’un groupe en définissant les droits et les devoirs de ses membres. Ces règles instruisent sur la voie à suivre par les individus d’une société donnée à un moment donné.
Le temps passe, les mentalités évoluent et l’homme remet sans cesse en cause les actions de ses vis-à-vis. Cette remise en question favorise l’évolution de la morale. Elle entraîne aussi l’émancipation des règles juridiques sous la pression de la société qui exige un changement.
Tout citoyen qui veut évoluer dans une société donnée doit respecter ses lois, car celles-ci découlent de la morale ambiante. Cependant, les lois sont-elles toujours justes ? Peut-il être juste de désobéir à la loi ? La loi découle-t-elle toujours de la morale ?
Pour répondre à ces questions, nous allons tout d’abord présenter la loi comme norme du juste. Ensuite, nous démontrerons que la désobéissance à la loi peut être juste.
La loi, norme du juste
La loi est la norme du juste et de ce fait, il est toujours injuste de désobéir à ses règles. De nombreux critères et conceptions de la justice existent.
En société, les conflits naissent du fait que chaque groupe a des valeurs, des croyances, coutumes, etc., qui ne s’accordent pas avec celles des autres.
Pour évoluer en paix, sans arbitraire et sans violence engendrée par un groupe sur un autre, une société a besoin de lois. Ces règles interviennent pour ordonner les valeurs morales et les croyances qui sont les principales sources de conflit.
Les critères communs instaurés par la loi permettent d’éviter toute forme d’arbitraire et de violence qui naîtrait du désir d’un individu d’imposer sa volonté personnelle.
Les règles juridiques sont des décisions collectives qui se basent sur la raison et le droit. Ces lois possèdent des règles qui s’appliquent à tous et parce qu’elles ont été convenues pour l’ensemble de la société, il serait injuste de les enfreindre.
Désobéir à la loi serait comme tricher à un jeu dont les règles à suivre ont été définies d’un commun accord entre les uns et les autres. Ces règles étant en corrélation avec la volonté du groupe, y désobéir causerait du tort à tous.
Socrate a démontré à quel point les lois de la cité étaient supérieures à la volonté personnelle d’un individu. Ce dernier a renoncé à s’échapper et a accepté de boire la ciguë lorsqu’il a été condamné à mort injustement. Un tel acte suscite des interrogations sur la légitimité de la loi.
D’après Rousseau, la loi libère l’homme ! Sa fonction n’est pas seulement de contraindre l’homme, elle représente une nécessité dans l’intérêt de celui-ci. La loi établit les conditions de mon bonheur et me permet de coexister pacifiquement avec les autres dans la société.
Pour Rousseau, un peuple est libre (…) quand dans celui qui le gouverne, il ne voit point l’homme, mais l’organe de la loi. La règle juridique régit les relations afin d’éviter l’atteinte morale et physique de chaque citoyen. Ainsi, elle me protège contre la violence des autres.
Hobbes disait que l’homme est un loup pour l’homme. Dans l’optique d’arbitrer de potentiels comportements nuisibles, la loi instaure un cadre de vie qui se base sur les relations sociales et l’objectivité.
Les règles interviennent pour réduire au silence la loi du plus fort. Cela dit, un comportement inacceptable de ma part ou de la part d’autrui sera sanctionné de la même façon. On peut donc affirmer que la liberté réside dans l’obéissance à la loi qu’on s’est prescrite.
Néanmoins, toutes les lois sont-elles justes ? N’y a-t-il pas de lois injustes dont la désobéissance serait légitime ?
Les lois injustes
Nous le concédons, il est injuste d’enfreindre une règle juridique pour son désir personnel. Cependant, s’il existe des lois injustes, il est tout à fait légitime d’y désobéir. Un tel acte est peut-être acquiescé lorsque deux éléments manquent :
- La légitimité,
- La légalité.
Alexis Tocqueville traite les lois prises par une majorité qui ne considère pas l’intérêt général, de dictature de la majorité. Un tel acte prouve que toutes les lois démocratiquement votées ne sont pas absolument légitimes.
Face à l’autocratie, il est indispensable de créer un équilibre entre les droits de la majorité et le principe de la minorité. Ceci permettra d’éviter d’éventuelles transgressions de la loi.
Une règle juridique qui prône la disparité de principe entre les êtres humains est par nature injuste. Tous les hommes sont égaux devant la loi et ce n’est pas juste de traiter les individus de façon inégale.
Prenons le cas des lois raciales qui interdisent certains corps de métiers aux nazis, il est moralement légitime de les enfreindre. Puisque ce sont les humains qui élaborent les règles juridiques, ceux-là ont des limites et peuvent donc faillir.
Ainsi, il est justifié de constater l’existence de lois absurdes. Quelques exemples existent à ce titre :
- Antigone a démontré que certaines lois doivent transcender les lois du gouvernement quand il a enterré le cadavre de son frère malgré les restrictions du roi,
- Martin Luther King a mené un combat intellectuel afin d’avoir les mêmes droits que les blancs et le devoir moral l’a poussé à désobéir aux lois injustes mises en place par le gouvernement ségrégationniste,
- Rosa Parks a obéi à une loi non écrite qui prônait l’inégalité de tous.
Les lois justes ne prônent pas l’injustice. Obéir à une règle juridique injuste c’est renoncer à ses droits et ses devoirs promus par la Déclaration des droits de l’homme.
Les lois votées par les représentants de l’État s’appliquent à toute la société. Il n’est pas juste d’y désobéir à la loi dans l’optique d’imposer ses intérêts et ses désirs égoïstes aux autres. Toutefois, elles sont érigées par les hommes et peuvent par conséquent être injustes.
La désobéissance à la loi peut-être juste sous certaines conditions exclusives. Il est légitime de désobéir à toute loi qui bafoue les convictions de la conscience et les droits de l’homme. Désobéir à une loi qu’on trouve injuste est une façon de répondre à l’arbitraire par l’arbitraire.
Pour être respectée par tous, la loi doit refléter des principes de justice économique et de justice sociale.